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Le financement de votre projet

LES SOURCES DU FINANCEMENT

On ne le répètera jamais assez : il n’est pas difficile de financer un bon projet.
Les sources de financement sont nombreuses et, dans l’ordre de facilité d’accès, en matière de capital, elles sont :
vous-même, y compris au travers de certains prêts, comme par exemple le prêt du fond de participation, s’ils vous sont accessibles ;

  • la famille, les amis ;
  • des fonds de seed capital ;
  • des business angels;
  • des invests locaux ou régionaux ;
  • des holdings régionaux ou nationaux ;
  • des entreprises en recherche de diversification ;
  • des fonds de venture capital.

C’est en fonction du degré de confiance que vous leur inspirez que vous y aurez accès. Votre famille, vos amis qui vous connaissent sont peut-être prêts à vous faire confiance  » aveuglément « , sans vous demander un  » business plan « . Mais souvent leurs moyens sont très limités. (Soyez conscient que même si vous pouvez démarrer seul sans autre source de financement que vos propres moyens et ceux de votre famille, ne pas faire votre plan d’affaire, c’est un peu comme commettre la même faute que partir inexpérimenté pour un circuit de haute montagne sans dire à l’office des guides où vous allez, comment vous allez faire… et quand vous serez de retour).
Dès que vous sortez du cercle familial ou d’amitié, vous ferez face à des professionnels qui voudront en savoir le plus possible sur votre expérience professionnelle, vos qualités et vos défauts, votre projet, le produit, le marché, …
Les financements complémentaires, donc en dehors du capital, seront obtenus auprès des organismes de crédit : Banques, Caisses d’Epargne, Caisses de Crédit Professionnel… Ils seront fonction de vos besoins dans la limite de certains ratios : par exemple, la somme des crédits long terme et court terme ne doit pas dépasser deux à trois fois la mise en capital.
Ces ratios seront évidemment fonction de la nature de l’emploi que vous allez faire de votre capital – acheter un immeuble, des machines… ou procéder à des études de mise au point. Mais vous voyez déjà que disposer, par exemple, de 300.000 euros  » en caisse  » pour démarrer une affaire, cela peut se faire en mobilisant 100.000 euros en capital.

LES ATTENTES DES SOURCES DE FINANCEMENT

Qu’attendent tous ces organismes en mettant de l’argent à la disposition de votre projet ?
De pouvoir, le moment venu, récupérer leur mise (souvenez-vous que l’argent de ces organismes appartient à des tiers privés ou publics) en ayant obtenu une prime pendant le temps où l’argent a été mis à votre disposition.
S’il s’agit d’argent placé en capital, l’investisseur attend :

  • une plus-value sur son titre de capital ;
  • le service d’un dividende.

Il sait que pour une affaire en démarrage, les premières années ne sont guère favorables ; il y a souvent des pertes pendant les 2 ou 3 premières années et donc il n’y a ni plus-value, ni dividende. Il faudra donc que les plus-values et/ou les dividendes des années ultérieures compensent la situation des premières années. Les plus-values, ce sont les accumulations d’actifs, matériels ou immatériels réactualisés qui les génèrent. Les dividendes, ce sont les résultats du compte d’exploitation qui les procurent. Observée sur 10 à 20 ans, il n’est pas rare de voir des valeurs de titre multipliées par 10, voire beaucoup plus (la même somme placée à 5 % en 10 ans aurait conduit à 1,63 fois la valeur de départ).
Bien entendu, pendant la même période, un certain nombre d’entreprises nouvelles auront fait faillite (15 à 50 % d’entre-elles) et la mise correspondante aura été (quasiment) perdue. Pour l’investisseur  » professionnel « , le problème est du domaine de la statistique. Ces pertes doivent être compensées et au-delà par la combinaison des dividendes et des plus-values des entreprises qui survivent.
Selon le cas et pour les entreprises profitables, les actionnaires ou les dirigeants favoriseront la plus-value ou les distributions de dividendes.
En Belgique, les plus-values sur des titres de propriété d’entreprises (les actions) ne sont pas taxables. C’est un des avantages financiers à être entrepreneur et il est de taille !
Allez donc rencontrer quelques-uns de ces entrepreneurs qui ont démarré en investissant quelques dizaines ou centaines de milliers d’euros et qui  » vendent  » leur affaire pour plusieurs millions d’euros une génération plus tard…
Le dividende, c’est ce qui est distribué aux actionnaires après taxation du bénéfice de l’entreprise. Ce même dividende est frappé d’un précompte de 25 %, non récupérable, sauf exception. Il est toutefois inférieur au taux marginal de taxation fiscale de la plupart d’entre vous.
S’il s’agit d’argent prêté, l’organisme de crédit attend :

  • une très grande sécurité de récupération de sa mise ;
  • le service d’un intérêt.

Que fait un organisme de crédit ? Il reçoit de l’argent d’un déposant (à terme) qui attend un intérêt et le remboursement de l’argent à terme échu ; cet argent est prêté à un emprunteur. Naturellement, cet emprunteur devra payer un intérêt supérieur à celui versé au déposant, pour rémunérer aussi le travail de la banque et provisionner des défaillances.
Ce mécanisme simplifié montre l’importance pour la banque d’être assurée du remboursement, d’où les prises de garanties (personnelle, aval, caution, etc.).
En prêt à long terme, l’organisme de crédit attend un intérêt supérieur à celui des fonds d’Etat et en prêt à court terme, où les risques sont plus grands et la gestion plus complexe, l’organisme de crédit attend un intérêt très supérieur.

LA PROPRIETE DU CAPITAL

Il est légitime pour un créateur d’activité nouvelle de tirer le maximum de son engagement personnel dans son projet. Avec ce qui vient d’être rappelé sur les possibilités de croissance non taxée d’un titre de propriété, d’une action, on comprend que l’entrepreneur qui y croit ne souhaite pas trop partager. Par ailleurs, le système veut (sauf pour les coopératives), que le pouvoir soit réparti proportionnellement aux apports de capital. Au respect près des droits de la minorité de blocage (qui peut empêcher des changements de statuts), le pouvoir appartient pratiquement à ceux qui détiennent plus de 50 % du capital.
D’où une obsession du créateur d’entreprise de détenir ces fameux 50 %. D’où une cause habituelle de sous-capitalisation au démarrage de l’entreprise.
Les deux scénarios suivants sont fréquents :

  • ou l’affaire connaît très vite des difficultés et le capital, trop faible, est rapidement « mangé »;
  • ou l’affaire se tient à flot mais les emprunts sont tels que le résultat brut est surtout consacré à couvrir des frais financiers.

Dans le premier cas, la faillite est là pratiquement avant d’avoir pu prouver quoi que ce soit, dans un sens ou un autre… mais souvent la confiance est ébranlée, perdue et pour recapitaliser, bonne chance !
Dans le deuxième cas, il est nécessaire de faire place à de nouveaux actionnaires pour soulager le compte d’exploitation et rendre du tonus à l’entreprise. Pour l’entrepreneur-propriétaire, il y a perte d’indépendance, donc déception, donc parfois démotivation.
L’expérience conduit à recommander de donner la priorité au  » confort  » de la capitalisation de départ. Et cela d’autant plus que la perte de la majorité des parts de l’entreprise n’est pas, pour le créateur, inéluctable.
Ce sont les faits qui conduisent à un besoin global de financement ; souvent, ce besoin est sous-estimé car les espérances de ventes sont optimistes…
Ce besoin global, il faut le trouver pour pouvoir assumer  » la descente aux enfers « , la  » death valley « , c’est-à-dire la couverture des pertes pendant la période où l’exploitation est déficitaire. Oui, c’est bien angoissant pour l’entrepreneur, même si cela a été prévu comme tel !
Ce qu’il faut absolument mettre au point avec les autres actionnaires, c’est le mécanisme par lequel, vous, créateur minoritaire au capital social au départ, vous allez conserver un pouvoir et un profit maximum dans la gestion de votre affaire. Ces mécanismes existent, ils font partie de l’arsenal de ceux qui font le métier de venture capitalist et ils pourront être mis en œuvre si les choses se passent bien (par exemple par la création de stock options ou par la création de parts bénéficiaires avec droit de vote).
Nous espérons avoir ainsi démontré que partir seul, majoritaire mais sous-capitalisé, est moins favorable que partir éventuellement minoritaire avec d’autres partenaires, mais en ayant prévu les moyens de redevenir l’actionnaire majoritaire, principal ou de référence.
Une remarque encore. Les investisseurs professionnels jouent la plus-value. Leur souci n’est pas de gérer. Vous voulez être le  » patron  » ; ils vous laisseront l’être si vous réussissez dans votre rôle de gestionnaire. Regardez autour de vous combien de  » patrons « , des vrais, ne sont même pas actionnaires des entreprises qu’ils développent.

COMMENT ABORDER LES SOURCES DE FINANCEMENT ?

Dans le monde contemporain, la gestion d’un fonds de financement ou des crédits d’une banque est confiée à des personnes qualifiées, c’est-à-dire formées en économie, en finance, en observation des entreprises.
Elles sont là pour placer l’argent au mieux des intérêts de ceux qui le leur ont confié. Vous faire plaisir n’est pas leur objectif premier. Vous aurez dans chaque organisme un interlocuteur, un seul, mais il n’est pas seul à décider. Il rapporte à un  » Comité de Crédit  » qui doit être convaincu par votre dossier. Donc, il faut un dossier, un plan d’affaire. Voyez à ce sujet notre rubrique « Pourquoi, quand, comment établir un plan d’affaire ».
Et que devra contenir le dossier ? Tous les éléments prouvant :

  • qu’il y a un produit ;
  • qu’il y a un marché ;
  • que vous êtes celui, celle, qui peut créer, développer une organisation pour que produit et marché se rencontrent.

Alors, si vous voulez mettre un maximum de chances de votre côté, venez rencontrer vos futurs partenaires financiers – investisseurs ou prêteurs – avec un bon plan d’affaire dont vous aurez assimilé tous les aspects. Plus tard, lorsque la confiance sera établie entre eux et vous, les choses seront peut-être plus faciles, mais peut-être que faire un bon plan d’affaire sera, entre-temps, devenu pour vous une habitude…
Pour aborder votre interlocuteur, imprégnez-vous de ce qui va le surprendre dans votre dossier, soit au niveau du produit, bien ou service, soit au niveau du marché, soit concernant votre parcours professionnel… et préparez soigneusement votre argumentation.
Vous l’aurez compris, il vous faut aborder le problème du financement en ayant à l’esprit quelques règles simples :
Si vous êtes créateur, les sommes dont vous pourrez disposer seront généralement limitées (quelques centaines de milliers d’euros). Pour en recevoir plus, pour financer des projets plus ambitieux, il vous faut des partenaires ayant  » pignon sur rue « .
L’argent va aux bons projets.
Ne harcelez pas les  » financiers  » avec des projets mal ficelés. Les projets qui tournent sans trouver preneur sont vite connus et leur auteur porte vite une étiquette !
Craignez la sous-capitalisation… par impatience de démarrer quelque chose. Démarrez une affaire quelques semaines plus tard que prévu, en ayant un projet mieux étudié et de meilleures bases financières, c’est plus que de la sagesse.

· … et surtout, connaissez votre dossier dans les moindres détails.

 

Voir aussi :